Il existe plusieurs méthodes pour fabriquer du savon. Chacune a son propre degré de complexité et, bien sûr, la qualité du savon obtenu n’est pas la même.
Les débuts du savon à chaud
L’histoire du savon de Marseille commence à … Toulon. C’est là que s’installent les premières manufactures de savon au 15ème siècle. Il existe encore à Toulon une rue qui porte le nom de « Rue des Savonnières ». Pas moins de 21 établissements de fabrication de savons s’y étaient installés.
L’activité était florissante avant que d’autres manufactures ne s’installent à Marseille. Un édit royal accordant une franchise au port de Marseille en 1669 fit péricliter l’activité toulonnaise au profit de la cité phocéenne. Et oui, il y avait déjà les petits arrangements entre amis …
Ainsi naquit le savon de Marseille.
N’étant pas destiné prioritairement aux soins du corps, le savon de Marseille est déglycériné par lavage à l’eau de mer, perdant ainsi ses qualités hydratantes. Déglycériné, il devient un excellent savon de ménage : il est possible de laver son linge ou son carrelage sans qu’un léger film de glycérine ne s’y dépose. Pour la petite histoire,il semblerait que la glycérine extraite du savon repartait au 19ème siècle vers Toulon, où elle était transformée en nitroglycérine, un puissant explosif, pour alimenter l’arsenal militaire.
Le savon de Marseille, tout comme le savon d’Alep, est un savon qui a subit une longue cuisson :
cette cuisson permet la transformation de toute la soude en base lavante , par contre, les matières grasses s’abîment et perdent leurs qualités hydratantes au fur et à mesure de cette cuisson. On appelle cela du « savon à chaud »
Les grosses savonneries à « chaud » fabriquent aussi des « bondillons », petits copeaux de savons. Les petites savonneries achètent ces bondillons, les fondent et les mélangent avec un peu de lait d’ânesse, quelques gouttes d’huiles essentielles, puis les estampillent à leur nom, sous leur marque : ce sont ces savons de Provence, arnaque à touriste colorée et odorante que l’on retrouve sur les marchés ou dans les boutiques souvenirs du Sud de la France et d’ailleurs. Dans le jargon de la cosmétique, on appelle cela du « melt and pour » : « mélanger et mouler », car il suffit de mélanger les bondillons avec quelques ajouts puis de mouler. Les savons ainsi obtenus sont souvent estampillés avec un logo à la marque de la savonnerie, et de forme très régulière. Nous considérons leur qualité cosmétique comme médiocre. Les fragrances et colorants de synthèse de ces produits sont d’autant plus inutiles qu’ils peuvent être irritants ou allergisants.
Mais pour ma peau : savon à froid ou à chaud ?
Pour la peau, le problème est tout autre : le savon de Marseille assèche au fur et à mesure des lavages, détruisant le film hydrolipidique qui protège notre enveloppe corporelle. C’est pour cette raison que des petites entreprises de savonnerie artisanale pratiquent la « saponification à froid »: le savon n’est ni cuit ni déglycériné. Il devient ainsi extrêmement hydratant et nourrit la peau en profondeur. Ce procédé n’est pas industrialisable car la glycérine colmate les pompes et les machines : il faut tout faire à la main…c’est beaucoup, vraiment beaucoup de travail. Là où une savonnerie « à chaud » produira plusieurs tonnes, une savonnerie artisanale à froid produira quelques centaines de kilos dans le meilleur des cas. Et en général avec une qualité des matières premières bien supérieure, car on ne peut pas utiliser la cuisson pour dissimuler de mauvaises huiles.
Le fruit de notre travail : le savon saponifié à froid.
Nous utilisons de très belles huiles végétales, transformées entre 50° et 60° pendant 72h. Sachant qu’une huile a un point d’ébullition de 180°, il ne s’agit pas d’une cuisson, d’où l’appellation « à froid » : les huiles sont transformées sans être abîmées. C’est ainsi que la savonnerie artisanale du Jura fabrique des savons qui possèdent des vertus cosmétiques importantes. Nous ne chauffons pas vraiment les huiles : la chaleur provient de la réaction de saponification : réaction exothermique qui une fois lancée, s’auto-entretient pendant au moins 60 heures. La découpe s’effectue 3 jours après la coulée. Ces savons se caractérisent par des formes qui peuvent être irrégulières, il n’y a pas de forme moulée à l’aspect lisse et standardisé. Chaque savon est unique. Il ne peut en être autrement, car le moulage est impossible : les savons sont coulés sur un support, puis découpés en barres puis redécoupés en pains puis en savons. Cet aspect du process est commun avec le savon d’Alep.
Fabriqués selon les règles de l’art, sans compromis sur le choix des intrants, nos savons dévoilent leurs propriétés à l’usage. Nous ne comptons plus le nombre de personnes qui ont des peaux intolérantes « à tout » qui laissent des commentaires plus que positifs sur notre site web savondujura.fr . C’est de loin la plus grande satisfaction que nous retirons de notre travail….
2 réflexions sur “Quelles différences entre savon à froid et savon à chaud ?”
bonjour ; m’intéressant aux différentes huiles végétales et fabriquant mes shampooing solides et mes A.S. j’ai pour habitude d’y inclure les poudres et hydratants nécessaires à mes cheveux.
Ma question est la suivante ; vos savons ne sont ils pas trop riches pour la peau ou les cheveux ? Car ce qui convient aux uns ne convient pas forcément aux autres
et mes cheveux sont mixtes et ayant besoin d’hydratation ;
Bonjour, oui , ils sont assez riches. Ils conviennent à une majorité de personnes, mais une minorité dira qu’ils font les cheveux secs et une autre minorité dira qu’ils font les cheveux gras… donc c’est assez équilibré dans l’ensemble. Le produit universel n’existe pas, bien sûr. Adoptez les pour le côté naturel et laissez aussi le cheveu s’adapter, ce n’est pas toujours immédiat. Si au bout de 3 semaines, ce n’est toujours pas le résultat attendu, vous trouverez toujours un adepte dans votre entourage !